Le territoire connaît une augmentation globale de la température moyenne. Les températures moyennes annuelles ont augmenté de +2,6°C à Monestier-de-Clermont entre 1951 et 2020 (ORCAE, 2022). Cette augmentation est plus marquée au printemps (+2,7°C) et en été (+3,4°C). De plus, il y a une augmentation du nombre de journées estivales, où la température maximale dépasse +25°C, de l’ordre de 11 jours entre la période 1961 – 1990 et la période 1991 – 2020.
L’augmentation des températures entraîne également une augmentation du phénomène d’évapotranspiration qui a des conséquences sur la disponibilité de la ressource en eau.
Il y a une diminution du nombre de jours de gel et un décalage du cycle des gelées, avec des gelées tardives plus régulières (ORCAE, 2022). En effet, cette diminution est de 21,9 jours de gel en moins à Monestier-de-Clermont, situé à 846m d'altitude, entre la période 1961 – 1990 et la période 1991 – 2020. En hiver, cette diminution est de 6,5 jours de gel, au printemps de 9,1 jours et en automne de 5,4 jours (SCOT).
Il y a une diminution des précipitations neigeuses sur le Trièves depuis 1980, surtout sous 1700 mètres d’altitude. Par ailleurs, les hivers peu enneigés sont plus fréquents (SCOT – étude TAACT). La hauteur de neige moyenne, à Autrans, a diminué de -26% entre 1988 – 2017 et 1964 – 1993, sur la période du 20 décembre au 20 mars (ORCAE, 2022). L’épaisseur de neige en début d’hiver a diminué partout à basse altitude (AdaMont, 2018). Il a par exemple été observé au Col de Porte (1326m), station de ski de basse altitude en Chartreuse, à une altitude quasi équivalente à celle de Gresse-en-Vercors (1200m), une diminution de 40% de la couverture neigeuse, entre 1960/1989 et 1990/2020 (Météo-France). Cela s’explique notamment par un lien direct entre la hausse de la température moyenne induisant une remontée de la limite pluie-neige, et la diminution de l’enneigement constatées sur la même période.
A 1500 m, la saison de neige a diminué d’environ 4 semaines depuis 1980, c’est à dire une semaine par décennie.
Le changement climatique augmente le risque d'avalanches, et notamment celui d'avalanches humides (ces phénomènes sont observés à Gresse-en-Vercors et dans le Dévoluy).
Le régime des précipitations présente une grande variabilité d’une année à l’autre. Il est difficile de définir une tendance nette.
Cependant, le Trièves est l’une des régions les plus sèches du Département avec environ 950 mm de précipitations par an et le territoire connaît des épisodes de sécheresses plus sévères, en particulier au printemps et en été. L’été 2022 est marqué par une sécheresse de grande ampleur (encore en cours) dont les conséquences environnementales et socio-économiques sont déjà largement palpables et vont se ressentir sur le long terme.
Les territoires de montagne, comme le Trièves, connaissent une augmentation des températures des cours d’eau et des plans d’eau. Ce phénomène a des impacts sur la biodiversité aquatique et sur la qualité des eaux (SCOT).
La tendance est à une diminution de la disponibilité de la ressource en eau, en particulier sur la dernière décennie (ORCAE, 2019). Le phénomène est plutôt visible du printemps à l’été et très marqué en début d’automne. Cela est sûrement dû à la baisse des précipitations automnales des dix dernières années, mais également aux sècheresses plus fréquentes et plus intenses et à l'augmentation de l’évapotranspiration associée.
En Isère, on constate une diminution du débit minimal annuel des cours d'eau. Dans la Drôme, les déficits de débit d’étiage peuvent atteindre plus de 35 % de baisse pour certains cours d’eau. Pour les autres départements, les plus alpins et en Auvergne, la situation semble plus contrastée.
Pour les périodes d’étiages dans la Drôme, on constate une augmentation de plus de 30 % de leur durée de référence (ORCAE).
Cette augmentation des étiages engendre des problèmes de qualité de l’eau : développement de bactéries dues à l’augmentation des températures, concentration des pollutions dues à la diminution de la ressource en eau.
*L’étiage est, en hydrologie, le débit minimal d'un cours d'eau. Il correspond statistiquement, sur plusieurs années, à la période de l’année où le niveau d’un cours d'eau atteint son point le plus bas (basses eaux). Cette valeur est annuelle. Il intervient pendant une période de tarissement, due à une sécheresse forte et prolongée qui peut être fortement aggravée par des températures élevées favorisant l’évaporation et par les pompages agricoles à des fins d’irrigation. (Wikipédia)
Quelques données sur les étiages sur ONDE.
Attention : regarder sur 5 modalités et non sur 4.
La Jonche à Pierre-Châtel (pont de la déviation)
https://onde.eaufrance.fr/acces-aux-donnees/station/W2405021
Le Chante-Merle à Prébois (dit l'Amourette)
https://onde.eaufrance.fr/acces-aux-donnees/station/W2520001
La Gresse à Gresse
https://onde.eaufrance.fr/acces-aux-donnees/station/W2804021
Phénologie
En matière de phénologie des prairies, une avancée en précocité des stades phénologiques* d’environ 10 jours pour la station d’observation de Monestier-de-Clermont est observée. Ces avancées en précocité semblent plus marquées pour des espèces à la phénologie tardive et pour les stations situées en altitude comme celle de Monestier (ORCAE, 2019).
L’augmentation de cette avancée est plus importante sur la période récente que sur la décennie précédente.
Avec l’augmentation de la température, certaines cultures telles que le maïs et le blé arrivent précocement à maturité et les arbres fruitiers entrent en floraison plus tôt.
* La phénologie est l'étude de l'apparition d'événements périodiques (annuels le plus souvent) dans le monde vivant, déterminée par les variations saisonnières du climat. On étudie surtout la phénologie des végétaux, mais aussi des animaux (notamment les oiseaux et les insectes), des champignons, et même, dans le monde non vivant, des glaciers. (Wikipédia)
En moyenne en 10 ans, on constate que la date d’ouverture des bourgeons du frêne a avancé de 6 jours alors que celle de l’ouverture des bourgeons de l’épicéa a été retardée de 8 jours.
Si vous le souhaitez, vous pouvez rejoindre des dispositifs de recherche participatives comme https://phenoclim.org/ concernant le suivi d'arbres près de chez vous ou des mesures d'enneigement.
Nos socio-écosystèmes sont en phases de changements profonds et accélérés. Nous assistons à l'extinction ou la forte diminution de nombreuses espèces, une profonde érosion de la biodiversité est en cours, à petits et à grands pas... La plupart de ces espèces altérées sont essentielles aux équilibres des écosystèmes.
C'est combiné à l'activité humaine (via l'impact du tourisme, des pollutions, de l'artificialisation des sols et de pratiques agricoles inappropriées) que le changement climatique provoque une perte de diversité floristique et faunistique. Les perturbations humaines et les invasions biologiques conjuguées aux changements climatiques favorisent la progression d'espèces exotiques envahissantes ainsi que d'autres espèces nocives déjà présentes.
L'altération des socio-écosystèmes affecte de nombreuses espèces, nous assistons à la réduction de l’aire de répartition de certaines espèces et à l’augmentation du risque de développement des espèces invasives. De nombreuses espèces doivent se déplacer soit plus au Nord, soit en altitude pour retrouver leurs conditions de vie initiales. Par exemple, en moyenne les migrateurs transsahariens, comme les hirondelles, observés à la Pointe de Grave pour leur migration prénuptiale, reviennent 6,5 jours plus tôt depuis les premières observations en 1987.
Plusieurs études sur les territoires adjacents (Hautes-Alpes, Savoie) présagent de la disparition des marmottes des alpes (Aurélie Cohas, 2020). Oiseaux, papillons et amphibiens sont également particulièrement affectés.
En France, le réchauffement se traduit déjà par des modifications des rythmes de vie de la faune et de la flore : l’arrivée d’insectes avant le débourrage des feuilles des arbres ou la nidification de certaines espèces sont désynchronisées. Les milieux sont également affectés : des rivières pratiquement à sec entraînent l’étouffement des poissons.
Les changements climatiques à l’œuvre créent à l'inverse des conditions de vie plus favorables à certaines espèces, par exemple aux tiques, guêpes, chenilles processionnaires, moustiques tigres, campagnols, etc. La longueur des étés et la douceur des hivers augmentent leur taux de survie, de croissance et de reproduction. Les zones d'habitat qui leur sont favorables ont considérablement augmentées. Les sécheresses rendent les guêpes et frelons plus agressifs...
Les conséquences sanitaires et agricoles de la pullulation de ces espèces sont déjà importantes. Pour les tiques par exemple avec un développement croissant de la Borréliose de Lyme (les souches de Borrelia burgdorferi étant particulièrement problématiques en Trièves, le problème est ainsi amplifié), les tiques sont également vectrices de souches de pathogènes de plus en plus nombreux et variés avec d'importants risques de co-infections (recrudescence des encéphalites, Rickettsioses...).
Les campagnols, hôtes intermédiaires, contribuent à la prolifération des tiques et détruisent certaines cultures (racines, arbres...). L'augmentation du nombre de cervidés (et la diminution du nombre de renards) joue également un rôle prépondérant dans l'augmentation des populations de tiques.
A l’échelle nationale, on sait déjà que, depuis 2018, plus de 300 000 hectares de forêts publiques ont subi un taux de mortalité inédit. C’est l’équivalent de 30 fois la superficie de Paris. Le mouvement se poursuit. D'ici 50 ans, la moitié de la forêt française pourrait avoir changé de visage (Site de l’ONF).
Dans le Trièves, on peut déjà observer des mortalités d’arbres. Les impacts de la sécheresse 2022 (toujours en cours) ne sont pas encore mesurés mais seront très probablement importants (informations en ligne dès que possible).
L’expansion du buis dans les hêtraies et sapinières et des problèmes de régénération du sapin (buis, gibier, températures, sécheresse) sont observés en Trièves, ainsi que la progression du gui sur les sapins vers le nord et en altitude (ADAMONT).
Le changement climatique et en particulier les augmentations de températures sont susceptibles d’impacter l’activité sylvicole, notamment en favorisant une augmentation des attaques de scolytes sur les épicéas. Il joue également un rôle aggravant dans le développement des espèces exotiques envahissantes. On observe à partir du milieu des années 80 une avancée des dates correspondant aux conditions de températures favorables au premier envol des scolytes (en moyenne, par rapport à 1961, 6 jours à Monestier-de-Clermont, 9 à Pellafol et 17 jours à la Mure), ainsi qu’à un deuxième envol (de l’ordre d’une douzaine de jours) (ORCAE, 2019).
A l’avenir, les forêts de moyenne montagne des Alpes du Nord seront probablement grandement affectées par les changements climatiques. Les principaux effets déclencheurs pour ce secteur seront la hausse des températures en été et en hiver, la baisse de la pluviométrie estivale et les sécheresses successives ainsi que les évènements extrêmes plus fréquents.
Incendie à Romeyer (été 2022 - Diois)
Dans un double mouvement, les incendies engendrent des émissions massives de gaz à effet de serre (principalement du CO2) et contribuent à réduire la surface des forêts et autres écosystèmes qui auraient pu absorber du CO2.
En Trièves, le risque de feu de forêt et de broussailles a augmenté depuis les années 80 (SCOT). Le nombre de jours où le risque météorologique de feux de forêt est élevé, est passé de 10,3 jours entre 1959 et 1988 à 13,8 jours entre 1986 et 2015. A l’échelle nationale, depuis le début de l’année 2022, la surface brûlée est 7,5 fois supérieure à la moyenne annuelle des quinze années précédentes (2006-2021) (Le Monde, 2022).
L’exposition aux épisodes de sécheresse entraînent des mortalités importantes des espèces en forêt et augmente ainsi le stock de bois facilement inflammable (ORCAE, 2022), les incendies pourraient donc être plus fréquents et plus intenses.
Les incendies de forêts peuvent également entraîner une recrudescence des phénomènes d’érosion et de chutes de blocs, comme cela a été observé après l’été 2003 (ONERC, 2008).
Le Trièves, au même titre que les territoires montagneux d’Isère, bénéficie d’une exposition moyenne au retrait ou gonflement des argiles. Cet aléa est particulièrement renforcé par les évolutions climatiques constatées (sécheresses et épisodes de fortes pluies).
Le Trièves compte également des mouvements de terrain plutôt présents dont des glissements de terrain profonds, avec la réactivation du glissement argileux de la combe de l’Harmalière à Sinard par exemple. L'accélération des ces phénomènes peut être en partie liée aux changements climatiques. Ils peuvent éventuellement être réduits et ralentis par certains aménagements mais on ne peut pas stabiliser totalement les versants en mouvement du Trièves (IRMa).
Sources :
- ADAMONT, rapport 2018
- Convention Citoyenne Métropolitaine pour le Climat, socle d’information 2022
- GIEC, 2021, Summary for policymakers (whttps://www.ipcc.ch/report/ar6/wg1/downloads/report/IPCC_AR6_WGI_SPM.pdf)
- ORCAE, 2022 :
- ORCAE, 2019 : fiche indicateur conditions favorables au développement du Scolyte (https://www.orcae-auvergne-rhone-alpes.fr/fileadmin/userupload/mediatheque/ORCAE/Documents/Publications/ORCAEFicheIndicateurEnvol-Scolyte.pdf)
- ORCAE, 2019 : fiche indicateur phénologie des prairies (https://www.orcae-auvergne-rhone-alpes.fr/fileadmin/userupload/mediatheque/ORCAE/Documents/Publications/ORCAEFicheIndicateurAgriculturePrairies.pdf).
- ORCAE, 2020 : Fiche indicateur Bilan Hydrique (https://www.orcae-auvergne-rhone-alpes.fr/fileadmin/userupload/mediatheque/ORCAE/Documents/Publications/ORCAEFicheIndicateurBilan-hydrique.pdf)
- ORCAE, date inconnue : fiche indicateur de sévérité des étiages, année (https://www.orcae-auvergne-rhone-alpes.fr/fileadmin/userupload/mediatheque/ORCAE/Documents/Publications/ORCAEFiche-IndicateurSeveriteEtiages.pdf)
- ORCAE, 2022 : Profil énergie climat de la CC du Trièves de l’Observatoire Régional du climat, de l’air et de l’énergie d’Auvergne-Rhône-Alpes, 2022 (https://www.orcae-auvergne-rhone-alpes.fr/)
- TACCT, SCOT MONTAGNES, etc.
- SCOT, étude TAACT
- Site de l’ONF : https://www.onf.fr/vivre-la-foret/raconte-moi-la-foret/comprendre-la-foret/foret-et-changement-climatique/+/1544::deperissements-et-changement-climatique.html
- Site du Monde : https://www.lemonde.fr/les-decodeurs/article/2022/08/22/incendies-six-cartes-et-graphiques-qui-montrent-un-premier